Justine et Cedric

Dans le cadre de nos actions sociales il nous arrivent de fréquenter le milieu du handicap. Découvrez ici une lettre écrite par Justine à son grand frère Cédric, ou quand le handicap devient une richesse. 

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Lui, ce frère si important à mes yeux

Je m’appelle Justine, j’ai 17 ans et je suis issue d’une grande famille. On est 4 enfants, Marc ; 28 ans, Cédric ; 22 ans, et la petite dernière Aurélie ; 16 ans.  Si je suis ici avec vous, c’est pour vous parler de Cédric, de son handicap mental mais surtout vous montrer que sa différence n’a jamais été pour moi un obstacle, que du contraire, j’en ai fait ma force.

J’ai toujours beaucoup aimé raconter ma vie, celle de mon frère, mon histoire, enfin la nôtre. J’ai toujours voulu que les autres sachent ce qu’est de vivre avec un frère handicapé. Que les autres comprennent mes angoisses, mes pleurs, mes joies et ce qu’est le bonheur de vivre avec Cédric.

Dans toutes les familles, chez tout les frères et sœurs, on calcule les différences d’âges et quand on oublie une année ou que l’on confond les âges, cela fait toute une histoire, chez nous cela n’a aucune importance : entre Cédric et moi, les rôles sont inversés ; Je suis la plus jeune et la plus vieille en même temps. Je suis plus jeune en âge et lui plus jeune mentalement, Cédric a le corps d’un adulte mais la mentalité d’un petit enfant. Mes responsabilités sont complètement différentes de celles des autres sœurs. Quand un membre de la famille est handicapé, on se doit de le protéger, de l’aimer encore plus qu’autrui, d’être à ses côtés, de subvenir à ses besoins, de succéder à la prise en charge, si quelque chose arrivait. Cédric aura toujours besoin de sa famille, et aussi des autres personnes qui l’entourent, pour évoluer, pour être heureux et tout simplement pour vivre. Cédric, n’aura jamais la sécurité, ni toutes les possibilités qu’un autre enfant a. La peur est toujours présente, les questions aussi. La peur qu’il ne soit pas heureux, qu’il ne puisse pas exprimer ses sentiments… Juste la peur qu’il se retrouve tout seul, sans nous, sans moi.

 Evidemment, les pleurs sont parfois au rendez-vous, la vie avec lui est parfois difficile, j’ai des disputes avec Cédric, comme tout les autres frères et sœurs. Il y a aussi de la colère, de la peine que j’exprime envers des personnes qui ne comprennent pas ce que je vis, qui n’acceptent pas le handicap et qui jugent sans même nous connaître. Le regard des autres était pour moi au départ très important, j’avais peur que les autres le juge, lui fassent du mal alors que Cédric est un être merveilleux et quelqu’un d’irremplaçable pour moi. Après, cela n’a plus vraiment d’importance, pourquoi s’en faire pour les autres alors que moi j’aime mon frère comme il est, que je suis fier de lui et adore le voir évoluer. Je me dis qu’après tout, ils devraient le regarder comme moi je le regarde, avec des yeux remplis d’amour. L’une des questions que je me pose est comment aurait été Cédric sans son handicap ?  Je ne sais pas, personne ne le sait, ce que je peux affirmer par contre c’est que sans le handicap de Cédric ; je ne serais pas ici, je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui et que je ne serais certainement rien sans lui. Il m’a beaucoup appris dont les difficultés et les joies que nous apporte la vie et que chaque personne nous fait découvrir. Mon frère m’a fait accepter et comprendre la différence pour cela, je ne l’en remercierais jamais assez.

 Tout simplement merci à toi mon frère pour ta présence, pour ta personne, pour ce que tu m’apportes tous les jours, pour ton amour et pour tout simplement d’exister…

Merci aussi à ma mère car c’est grâce à elle que j’ai pu moi aussi évoluer, par rapport au handicap et aussi évoluer dans ma vie, je me suis construite en elle, je lui dois tout.

En tout cas, même si on est quand même différentes toutes les deux, on aura toujours un seul et unique point commun : l’amour que l’on porte à Cédric, c’est notre combat pour la vie.

Justine